Infirmières bulgares : Bernard Kouchner s'explique

Publié le : 01/08/2007 01 août août 08 2007

Le ministre des affaires étrangères Bernard Kouchner s’est expliqué mardi sur les conditions des négociations menées avec la Libye dans le cadre de la libération des infirmières bulgares. Ses réponses évasives, voire floues, n’ont pas manqué d’alerter l’opposition.

Un discours évasifDevant la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, qui l'interrogeait mardi sur les conditions des négociations avec la Libye pour l'extradition des infirmières bulgares, Bernard Kouchner a fait preuve de prudence dans ses propos. Selon lui, la livraison par la France d'un réacteur nucléaire à la Libye ne serait encore qu'une « hypothèse ». Il a insisté sur le fait que le document signé lors de ce voyage n'était « pas un protocole », mais un simple « mémorandum d'engagement » pour un « éventuel réacteur nucléaire ». Il a ajouté que l’objectif de ce réacteur nucléaire était de « déssaliniser l'eau de mer, ce n'est pas pour faire la guerre, et que c'est contrôlé complètement », en particulier par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). « Si cela se fait, et il n'est pas sûr que ça se fasse (...). C'est une perspective », a-t-il précisé. Sur le rôle joué par le quai d'Orsay dans ces négociations, Bernard Kouchner a indiqué que « c'est surtout le président de la République qui a joué un rôle. Il y a des dossiers qui lui appartiennent ». Mais, précise-t-il, « ça ne veut pas dire que le quai d'Orsay et la diplomatie française n'ont pas été associés depuis le début à l'affaire ». Enfin, interrogé sur les éventuelles contreparties financières versées pour la libération des infirmières, le ministre a été clair : la France n’a pas versé un sou.

L'opposition n'a pas été convaincueMais le parti socialiste n’a pas été convaincu. Son premier secrétaire François Hollande a dénoncé le discours « flou » de Bernard Kouchner : « flou sur les contreparties réelles notamment par rapport à ce mémorandum nucléaire (...). Il nous a été dit qu'il n'y avait pas de contrepartie financière et que c'est le Qatar qui a joué l'intermédiaire, on verra bien quelle sera la contrepartie offerte au Qatar ». Selon lui, le mémorandum sur l'utilisation du nucléaire à des fins civiles « est suffisamment large pour ne rien permettre ou tout autoriser », et le régime Libyen « est tout sauf un partenaire » et « la seule attitude possible » c'est d'être « vigilant » car « on ne peut pas accepter un accord (nucléaire) qui donne lieu à des prolongements industriels qui ne soient pas maîtrisés », a-t-il expliqué. Quant au chef de file des députés SRC Jean-Marc Ayrault, présent à cette audition, il s’est montré conscient des risques d’un tel accord, notamment dans les relations de la France avec ses partenaires européens : « la France joue cavalier seul. Au moment où on est arrivé à la conclusion heureuse de cette triste affaire, la France s'engage à doter la Libye d'équipement nucléaire à vocation civile avec tous les risques que ça pose. C'est normal que nos partenaires européens protestent ».





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