Le monopole pharmaceutique

Publié le : 07/05/2008 07 mai mai 05 2008

Alors que Mr Leclerc lance une campagne pour libérer la vente de certains médicaments, il est tout à fait intéressant de voir quelles sont les réactions des pharmaciens bien sur, mais également des pouvoirs publics, de la presse ou de la Justice.

la protection de la santé publique et la libre circulation des produitsUne fois de plus ces faits démontrent qu'en France, dans cette France d'ancien régime dans laquelle nous vivons, la seule chose qui compte ceux sont les "droits acquis", les avantages et privilèges consentis aux uns ou aux autres, pas ce qui porte le nom de République.

En réalité les faits sont particulièrement simples: L'Etat a décidé que des médicaments bénéficiant d'Autorisation de Mise sur le Marché mais qui peuvent être vendus sans ordonnance soient en libre accès dans les pharmacies, c'est à dire en amont du comptoir, afin que le consommateur puisse se servir comme bon lui semble.

Il est bien évident que ce libre accès ne change rien quant à la composition du produit et aux normes pharmaceutiques de fabrication par un laboratoire pharmaceutique.

Ce qui change c'est que ce libre accès a pour évidente conséquence que ces produits sont considérés comme non dangereux et peuvent être utilisés librement par les consommateurs dans le cadre d'une automédication, dont le Gouvernement assure la promotion.

Tout le monde sait que de nombreux produits qualifiés de médicaments et qui bénéficient donc d'une AMM sont des produits de consommation courante et qu'ils sont achetés par les consommateurs dans les pharmacies sans que cela ne s'accompagne du moindre conseil, de la moindre mise en garde, tout simplement parce que ce n'est pas utile.

Quand vous demandez des pastilles de telle marque pour la gorge, des produits à base de paracétamol, certains dentifrices, des pansements …, vous le faites librement et personne ne vous donne aucun conseil.

Pourquoi dès lors ces produits vendus sans ordonnance, en accès libre dans les pharmacies, ne seraient-ils pas en vente libre tout court, y compris en grande surface ?

Alors bien sur les pharmaciens sortent leur célèbre drapeau de la protection de la santé publique!! Car bien entendu ils ne défendent pas des intérêts bassement mercantiles, un monopole qui ne se justifie plus ; mais bien notre santé.

Ils ont raison puisque c'est ce beau principe qui a fait leur fortune et qui justifie non seulement leur monopole, mais également le quota du nombre de pharmacies.

Mais qui peut encore sérieusement croire que la santé publique est menacée ? Qui peut sérieusement prouver cette menace ?

Pendant des années les pharmaciens ont tenté, avec l'aide au combien diligente de la Répression des fraudes, de garder dans leur monopole tous les produits de parapharmacie, comme les compléments alimentaires et les plantes traditionnelles, mais au bout de 15 ans de combat judiciaire, la Cour de Cassation a fini par admettre que la législation européenne imposait la libre circulation de ces produits.

Faudra-t-il encore 15 ans pour que tous, journalistes, juges, regardent objectivement en quoi la vente libre de ces produits serait une menace pour la santé publique ?

Combien de temps et de procès seront-ils nécessaires pour que la réalité des choses impose le respect de la libre circulation, et donc la libre concurrence de ces produits ?

Il est vrai que 60 ans de pratique de notre "meilleure médecine du monde" ont eu pour résultat que chacun de nous n'a jamais eu aussi peur de la maladie, ce qui permet de ressortir le vieux drapeau éculé de la protection de la santé publique, avec quelques chances d'être suivi.

Liens- L'automédication
- Monopole
- Ministère de la Santé et de la Protection Sociale
- Commission d'autorisation de mise sur le marché (AMM)
- Cour de cassation
- Voir tous nos articles, actualités, ouvrages en Droit de la santé



Cet article n'engage que son auteur.

Historique

<< < 1 2 > >>
Navigateur non pris en charge

Le navigateur Internet Explorer que vous utilisez actuellement ne permet pas d'afficher ce site web correctement.

Nous vous conseillons de télécharger et d'utiliser un navigateur plus récent et sûr tel que Google Chrome, Microsoft Edge, Mozilla Firefox, ou Safari (pour Mac) par exemple.
OK