MARL : témoignage du médiateur Guy Bottequin

Publié le : 05/02/2013 05 février févr. 02 2013

Vendredi 1er février se déroulait le Congrès annuel d'Eurojuris en terre strasbourgeoise. L'occasion pour Eurojuris d'interviewer Guy Bottequin médiateur qui animait la table ronde "Apaiser pour gagner".

"La médiation sans les avocats, c'est la médiation contre les avocats"C'est par cet aphorisme que le médiateur Guy Bottequin définit le rôle de l'avocat dans le processus alternatif de règlement des litiges qu'est la médiation. Le médiateur originaire du plat pays est intervenu à l'une des tables rondes qui s'est tenue le vendredi 1er février lors du Congrès annuel d'Eurojuris qui avait élu terre d'accueil à Strasbourg.

Les maux de la crise ont entrainé des évolutions dans le rôle de l'avocat auprès des parties. De nombreux avocats se sont ainsi engouffrés dans la brèche de la médiation afin d'oeuvrer pour le maintien des relations contractuelles et commerciales entre les parties. Cette vocation à tout le moins irénique a fait des émules, l'occasion pour Eurojuris d'aller à la rencontre des acteurs de la médiation.

Herméneutique, didactique et outils itératifs : le triptyque gagnant

Le médiateur doit user subtilement de la parole qui produit un effet catharsis afin de permettre aux parties de parvenir à un accord dont chacun ressortira gagnant. Faire accoucher les idées, des consensus, tel est l'objectif du médiateur. Ses principaux outils? La parole, les regards et la gestuelle ont une importance capitale, une technique qui s'apprend et ne s'improvise pas afin de faire fi de toute subjectivité que pourraient laisser transparraître nos attitudes corporelles.

La médiation ne saurait être la panacée. Selon Guy Bottequin, les crimes pénaux jugés aux assises n'ont pas leur place en médiation. Les pays latins de culture plus conflictuelle freinent le plein épanouissement de la médiation. Une position étonnante en période de marasme économique puisque la médiation a des répercussions directes sur le justiciable et le Ministère de la Justice en diminuant les coûts de procédures chronophages.


Faire sortir les parties du prétoire: la déterritorialisation du différend

En optant pour la médiation, les parties font le choix de déterritorialiser le conflit en le déplaçant à l'extérieur de l'enceinte du prétoire. Le lieu dans lequel se tiendra la médiation sera alors déterminé par le médiateur et ne sera en rien anodin. Le médiateur, selon Guy Bottequin, est un chef d'orchestre par opposition au conciliateur qui est plus directif. Une dichotomie qu'il est parfois difficile de faire comprendre aux néophytes mais qui a toute son importance. Interrogé sur la question de savoir s'il fallait légiférer afin de définir clairement le cadre de la médiation, Guy Bottequin se déclare sans ambages en faveur d'un tel cadre législatif qu'il appelle de ses voeux.

Quid de la formation des médiateurs:

De nombreux commentateurs soulèvent la question de savoir quelle est la formation qui doit être dispensée aux médiateurs. Des formations fleurissent ça et là tant dans les pays de Common Law, où l'on a vu éclore la médiation en tant que telle, que dans les pays de tradition civiliste. L'Institut de formation à la médiation et à la négociation (IFOMENE) en est un exemple. La question de la formation des médiateurs se pose avec une acuité certaine, sachant que de manière sous-jacente c'est leur fiabilité et leur crédibilité qui est ainsi en jeu.

Aujourd'hui, deux commissions européennes s'affrontent en matière de médiation, sachant que le Commissaire européen Michel Barnier oeuvre pour le développement de la médiation à l'échelle européenne. La première de cette Commission est la Commission juridique parmi laquelle figurent les contempteurs de la médiation et qui met en doute la formation des médiateurs. La seconde est la Commission du marché économique qui est particulièrement favorable à la médiation et soutient son essor. En temps de crise, il parait axiomatique que la seconde Commission ait la préséance sur la première, la médiation représentant un gain de coût et de temps indéniable.

L'avocat est le principal prescripteur de la médiation, ce dernier se sent parfois dépossédé lorsqu'il propose la médiation. Or il doit prendre conscience du rôle d'importance qu'il se doit de jouer auprès de son client lors de la médiation où il sera un coach essentiel. Repenser le rôle de l'avocat grâce à la médiation, tel est l'enjeu pour les acteurs économiques qui souhaitent abandonner les altercations belliqueuses et vaines en dépassant le cadre clivant du prétoire.

POUR ALLER PLUS LOIN:6 Février 2013: Soirée débat à l'Institut d'Etudes Catholiques 31 rue d'Assas, Association Natonale des médiateurs - IFOMENE



Chloé RAMA, Eurojuris France

Cet article n'engage que son auteur.

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